Trois songes

En 399 avant J.-C., Socrate est accusé par le tribunal d’Athènes d’inventer de nouveaux dieux, de troubler l’ordre de la cité et de corrompre la jeunesse. Pendant son procès, le philosophe ne cherche pas à adoucir ses juges, mais les interroge sur ce qu’est la justice et sur ce que nous sommes prêts à lui sacrifier. Il livre son dernier enseignement : On ne doit pas craindre la mort du corps, mais la corruption de l’âme. Accordant sa parole à ses actes, il accepte la mort en homme libre, fidèle à sa pensée. Deux acteurs se prêtent au jeu socratique : tour à tour maître et disciple, Socrate ou son double, ils renversent les rôles (du philosophe, du politicien, du religieux, du juge) pour examiner les rapports qui fondent la cité. Songer, c’est rêver sans doute, inventer de nouveaux liens entre les choses, les mots et les existences, mais c’est aussi penser. Un procès est sans doute une action judiciaire, mais c’est aussi une manière de procéder, une façon de rendre justice qui, par le dialogue, transite ici de la philosophie au théâtre.

Les Nouvelles Aventures de Peer Gynt

Peer Gynt raconte des histoires. Pour distraire Ase sa mère, pour séduire Solveig, si pure et si fragile. Il veut devenir prince, roi des Trolls, roi des Singes, roi des Fous, et même empereur ! Le garçon s’évade de la réalité en affabulant. Tant pis si on se moque de lui ! Il part faire le tour du monde. Au bout de sa course effrénée, devenu vieillard, le voici face à l’interrogation vertigineuse : « Qui suis-je ? Ai-je été moi-même ? ». Difficile à dire pour ce sacré Peer, aussi sincère que menteur !

 

Ase
Peer, tu mens.

Peer Gynt
Non, je ne mens pas.

Ase
Alors jure que c ’est vrai !

Peer Gynt
Pourquoi jurer ?

Ase
Tu vois, tu n’oses pas !

Peer Gynt
Non, c’est vrai,
Tout est vrai !