Leïli et Nils vont raconter leur histoire, chacun de leur côté, chacun à leur manière. L’histoire d’une fille qui sait se débrouiller dans n’importe quelle situation et celle d’un garçon qui préfère les petites choses silencieuses. Deux histoires qui se conjuguent et recèlent un tas d’autres histoires, celle d’une mamie rouleuse de mécanique et d’un baby-sitter fan de tricot. Deux expériences de vie qui vont se rencontrer et s’assembler comme un puzzle. Assis à la même table, Leïli et Nils se retrouvent à l’école, prêts cette fois à affronter le regard des autres…
« Leili : Quand j’entre dans la cour, d’un côté, je vois les filles comme ça, habillées comme des princesses, avec des robes et des trucs qui volent. C’est joli, c’est pas pratique. »
Il est onze heures, c’est l’heure de la leçon de musique de Camille. La jeune musicienne sort son instrument de l’étui et nous présente Max, le saxophone. Espiègle et cabotine, Camille va peu à peu donner vie à l’instrument, ou bien est-ce Max qui fait d’elle son instrument ? Cette leçon de musique devient le théâtre de leur vie, un spectacle où Max et Camille font des choses folles ensemble. De conversation virtuose en bavardage badin, ils remontent le temps, s’amusent avec les mots, les notes, inventent leur histoire, leur langage… et tout un monde bien à eux.
Camille
Et ça, tu sais ce que c’est ?
Le silence
Temps.
Tu vois, le silence, c’est avant la musique.
Temps.
Avant tout.
Temps.
Tu connais ? Et là, par le rideau de ma fenêtre, le monde.
Un collégien passe un examen devant son professeur : un oral de rap. Parce que, dans ce futur tout proche, le rap est une matière enseignée à l’école. On étudie son histoire, ses oeuvres majeures, ses grands noms, ses dates, ses principales batailles… La théorie comme la pratique. Dans ce face-à-face entre Amine et son professeur, l’examen menace de tourner à l’affrontement, ou même pire à la battle, ou carrément au clash.
Le prof
Tu viens au tableau, Amine ?
L’élève
Oh non, mais monsieur s’il vous plaît…
Le Prof
Mais si, Amine, je n’y peux rien, c’est toi qui as été désigné par mon inspiration.
L’élève
Pfff…
En 399 avant J.-C., Socrate est accusé par le tribunal d’Athènes d’inventer de nouveaux dieux, de troubler l’ordre de la cité et de corrompre la jeunesse. Pendant son procès, le philosophe ne cherche pas à adoucir ses juges, mais les interroge sur ce qu’est la justice et sur ce que nous sommes prêts à lui sacrifier. Il livre son dernier enseignement : On ne doit pas craindre la mort du corps, mais la corruption de l’âme. Accordant sa parole à ses actes, il accepte la mort en homme libre, fidèle à sa pensée. Deux acteurs se prêtent au jeu socratique : tour à tour maître et disciple, Socrate ou son double, ils renversent les rôles (du philosophe, du politicien, du religieux, du juge) pour examiner les rapports qui fondent la cité. Songer, c’est rêver sans doute, inventer de nouveaux liens entre les choses, les mots et les existences, mais c’est aussi penser. Un procès est sans doute une action judiciaire, mais c’est aussi une manière de procéder, une façon de rendre justice qui, par le dialogue, transite ici de la philosophie au théâtre.
On raconte qu’un jour tous les oiseaux du monde se sont réunis. Le faucon, la colombe, le rossignol, la huppe…, tous fatigués par la confusion qui règne sur la Terre, ils décident de partir à la recherche de la Sîmorgh, l’être suprême. Avant d’accomplir ce périlleux voyage, ils discutent, certains hésitent, trouvent mille excuses… Leur envie mêlée de peurs s’exprime au travers d’anecdotes et de contes miniatures où se côtoient derviches, fous, princesses et voleurs.
“ Si tu n’as pas les yeux qu’il faut pour voir Sîmorgh,
C’est que ton coeur n’est pas poli comme un miroir.
Comme nul ne peut voir son éclat sans ployer,
Dans sa grande bonté, Sîmorgh fit un miroir.
Ce miroir, c’est le coeur, regarde dans ton coeur,
Peut-être y verras-tu enfin briller sa face !
La beauté véritable est dedans l’invisible. ”
Peer Gynt raconte des histoires. Pour distraire Ase sa mère, pour séduire Solveig, si pure et si fragile. Il veut devenir prince, roi des Trolls, roi des Singes, roi des Fous, et même empereur ! Le garçon s’évade de la réalité en affabulant. Tant pis si on se moque de lui ! Il part faire le tour du monde. Au bout de sa course effrénée, devenu vieillard, le voici face à l’interrogation vertigineuse : « Qui suis-je ? Ai-je été moi-même ? ». Difficile à dire pour ce sacré Peer, aussi sincère que menteur !
Ase
Peer, tu mens.
Peer Gynt
Non, je ne mens pas.
Ase
Alors jure que c ’est vrai !
Peer Gynt
Pourquoi jurer ?
Ase
Tu vois, tu n’oses pas !
Peer Gynt
Non, c’est vrai,
Tout est vrai !