MOBY DICK : une invitation à prendre le large

Odyssées en Yvelines présente Moby Dick d’après Herman Melville, adaptation Fabrice Melquiot, mise en scène Matthieu Cruciani. Embarquement immédiat !
théâtre
> tout public dès 8 ans

Après une avant-première à La Comédie de Saint-Etienne, le spectacle a été présenté le 16 janvier au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines–scène nationale. A la demande de Matthieu Cruciani (metteur en scène associé à La Comédie), Fabrice Melquiot, l’un des auteurs de théâtre contemporain les plus joués et les plus traduits en France et à l’étranger, a accepté de se lancer dans le défi d’adapter ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale. Car la première question qui vient aussitôt à l’esprit est : comment adapter à la scène ce roman d’aventures foisonnant ?
Tous deux nourrissent le goût des aventures maritimes au long cours, le goût de la mer pour tout ce qu’elle recèle de sauvage et de mystérieux : « C’est le grand ailleurs du monde des adultes, un horizon mouvementé que l’on désire et que l’on craint lorsqu’on est enfant. C’est le goût de se faire peur, un peu, et de se rêver aventurier, beaucoup. Le goût des possibles et des devenirs », explique Matthieu Cruciani.

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Un combat de légendes, une quête métaphysique
Attiré par le grand large, Ishmaël s’embarque sur le baleinier Pequod. Lancé à l’aventure, il comprend rapidement que ce bateau ne chasse pas n’importe quelle baleine. Achab, son capitaine, est sur la piste de Moby Dick, l’immense cachalot blanc qui lui a arraché une jambe par le passé. Voilà le Pequod et son équipage lancés dans un périple autour du monde à la poursuite de l’animal féroce, dont Achab a juré de se venger.
C’est le récit d’une folle quête, d’un combat fait de légendes, de mystères et de mythologies. C’est aussi le portrait d’une communauté. Le Pequod est un monde en soi, constitué de personnages qui créent une petite humanité. A travers ce voyage, Ishmaël interroge ses convictions et sa place dans l’univers.

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Une remontée de l’enfance
Faire pièce de théâtre de ce roman monstre, passer du conte au dialogue, du silence de la lecture au tumulte incessant d’un équipage en mer, c’est répondre à l’aventure par une autre aventure ! Tandis que Fabrice Melquiot a exploré la langue de Melville, Matthieu Cruciani a transposé l’adaptation sur scène avec les moyens du bord et surtout, beaucoup, d’ingéniosité : « faire entrer l’océan et ses plaines liquides, homériques, son ciel immense et ses cachalots géants, ses temples d’eau, ses tempêtes, la foule bigarrée et pleine de force d’un équipage sur un plateau de théâtre, c’est un vrai défi de représentation, une invitation au voyage et à l’imaginaire de tous, créateurs comme spectateurs. C’est comme un exercice de cartographie. »
Pour faire entrer ce monde sur le plateau du théâtre, le metteur en scène n’a cédé ni à la tentation de l’illustration réaliste, ni à la recherche d’effets spectaculaires. Il a souhaité un espace qui évoque autant les pages d’un livre, que les voiles d’un baleinier, ou encore la surface agitée d’une mer houleuse. Il a imaginé un dispositif scénique à mi-chemin entre un vieux cinéma des années 50 et un aquarium géant, une machine à songes et à signes naïfs. Des chaises bleu océan, un navire de papier, des voiles au vent, des images d’archives sont autant de leurres qui nous laissent entrevoir la proximité dangereuse du monstre marin. Voilà l’imaginaire du spectateur sollicité, et ce, dès le plus jeune âge.

Cette invitation à s’embarquer pour le « grand ailleurs » fascine autant qu’elle inquiète. Avec cette ode à la mer et aux quêtes infinies, les jeunes, et les moins jeunes, deviennent des aventuriers le temps d’une représentation.

 

JOSEPHINE (Les Enfants punis)

Les bêtises, tout le monde en a déjà fait. Certains en font même encore ! Alors, la hantise de la punition, on la connaît tous. Anna Nozière en a fait le thème principal de sa dernière pièce de théâtre, Joséphine (Les Enfants punis), qu’elle met en scène dans le cadre d’Odyssées en Yvelines. 
théâtre
> tout public dès 6 ans

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Anna Nozière fait partie de ces artistes secrets dont il faut attendre la première pour découvrir l’aboutissement de son travail. Non pas qu’elle souhaite préserver les mystères de la création, mais sa démarche, liée à l’écriture de plateau, nécessite une grande concentration. Comme un accouchement sans échographie ! De l’extérieur, on y a senti malgré tout le pouls qui battait de plus en plus vite, la chaleur qui se dégageait de cette fabrication in vitro. La première a eu lieu mardi 14 janvier à l’Auditorium de Viroflay.

Au fond du placard des enfants punis, il y a un secret
Après Les Fidèles, Histoire d’Annie Rozier et La Petite, Anna Nozière achève, avec Joséphine (Les Enfants punis), un triptyque sur l’enfance et la famille. Son personnage, Joséphine, en connaît un rayon, question bêtises. Lorsqu’elle découvre le placard des enfants punis où elle se retrouve enfermée, une aventure pleine de rebondissements commence. Comme il est immense, ce placard peuplé d’enfants qui ont eu des mauvaises notes, qui ont menti et même volé, des enfants qui ont mis leurs parents en colère ! Tout au fond, se cache un petit trou, avec la mer derrière, mince ouverture par laquelle la fuite semble possible. Et voilà les enfants voguant vers le large ! Sur une île, ils découvrent alors leurs parents sous des formes inattendues.

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La honte, la colère, la tristesse transcendées par le courage et la curiosité
Dans ce contexte où être grand ou petit ne veut plus dire grand chose, enfants et parents portent sur eux un regard neuf. La notion d’autorité parentale semble remise en question comme si Anna Nozière souhaitait une réconciliation, mais les personnages sont animés par des sentiments mêlés :
« Je n’ai jamais rencontré un adulte qui n’ait rien à réparer de son enfance. Les grands exercent un pouvoir sur les petits. C’est comme ça. Ce n’est pas intéressant de cacher la souffrance que ça peut générer, même chez les enfants heureux. Ce n’est jamais intéressant de cacher sa peine. Dans Joséphine, je montre des enfants joyeux mais aussi confrontés à leurs trouilles, à leurs hontes. Ce qui est important pour moi, c’est que les enfants-spectateurs puissent se projeter. Les petits, et même les tous petits, ont le droit d’avoir leurs zones d’ombre. Enfants et  parents partagent des endroits de terreur, archaïques. On a tous une peur viscérale de l’abandon, de la séparation, de la mort. On a tous un placard métaphorique, un placard psychique… »

Diantre ! Les spectateurs vont vivre de fortes émotions… Porté par une comédienne seule, Sarajeanne Drillaud, ce travail sur la confidence et les sons de l’enfance se déroule dans un espace intime. Une forme minimaliste aux pouvoirs démesurés, un peu comme les secrets qui émanent des placards !