Et si on donnait la parole aux enfants ?

LE RÊVE D’ANNA

Odyssées en Yvelines s’est ouvert avec Le Rêve d’Anna. Nous finissons le tour d’horizon des 6 créations présentées dans la biennale en donnant la parole aux enfants sur cette pièce d’Eddy Pallaro, une fable sociale qui regarde le monde depuis le rêve, et qui leur parle. La preuve !

Attendue, la dernière création de la Compagnie trois-six-trente a été saluée par la presse. Parmi les articles, celui de Télérama Sortir : « Bérangère Vantusso met joliment en scène le quotidien qui se nourrit des songes et l’effacement progressif du rêve et de la réalité ».
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Réactions des CM1 de l’École élémentaire des Grandes-Terres
à Conflans-Sainte-Honorine

Les enfants semblent aussi avoir apprécié. Ce jour-là, comme de nombreuses autres classes, les CM1 de l’École élémentaire des Grandes-Terres à Conflans-Sainte-Honorine ont assisté à une représentation du Rêve d’Anna au Théâtre Simone Signoret. L’attention était palpable dans la salle et les échanges fructueux après, sur l’esplanade du Théâtre. Corentin, Enzo, Ethen, Inès, Jade, Maya, Ryan et leurs camarades ont réagi à chaud :
– J’ai bien aimé comment Anna et son père se parlaient. Ils faisaient bien la pièce de théâtre tous les deux !
– Quand même ! Le père ne s’occupait pas assez de sa fille à cause du chômage. Alors qu’elle, elle l’aide beaucoup…
– Grâce au cheval.
– Non, en disant des mots !
– C’est le cheval qui encourage le père.
– Non, c’est Anna qui a inventé le cheval. Il est dans ses rêves.
– Le cheval, il n’a jamais dit au père qu’il allait trouver du travail. C’est Anna qui a trouvé cette idée pour l’aider.
– Bah ! Anna, elle ment en fait…
– Oui mais elle aide son père. Pourtant, lui, il laisse sa fille de côté au début. Moi, j’ai bien aimé leur relation, comment elle change !
– La scène était marrante quand le père se fait arnaquer par les deux messieurs habillés en rouge.
– Et aussi quand le père est bourré ou quand il est à quatre pattes !
– Moi, ce que j’ai préféré, c’est la bataille d’oreillers.
– C’était trop marrant aussi quand la fille a crié en allant dans le trou et quand le taureau tapait sur la lune.
– Moi, j’ai bien aimé, surtout quand le taureau est apparu. Mais j’ai quand même pas tout compris…
– Moi, ça m’a fait peur ce moment-là. Comment ils ont fait le bruit, en fait ?
– Le rideau qui bougeait, c’était impressionnant ! Mais après quand on voit que le taureau, il a du mal à aller dans les têtes, on a moins peur.
– Le taureau, on l’entend beaucoup, mais on le voit pas…
– C’était bien… mais j’ai un petit bémol : j’aurais préféré voir une comédienne jouer la petite fille, plutôt qu’une marionnette. Surtout qu’on voyait les gens la manipuler.
– En plus, ce n’était pas amusant de voir les comédiens parler à la place des marionnettes.
– Des fois, c’était bizarre…
– En tout cas, ça existe vraiment ces histoires ! Je connais un peu le problème. Ça me rappelle ma mère qui m’a raconté son cauchemar. Dans son rêve, elle était tombée dans un trou noir. Elle m’a même dit qu’elle voulait aller voir un docteur.
Ecole élémentaire

Des graines de critique, ces enfants-là !
Ces gamins d’une dizaine d’années ont bien perçu les principaux enjeux de la pièce. Certes, un vrai travail pédagogique effectué en amont y a largement contribué : « En classe, les enfants ont lu, à haute voix, des extraits de la pièce. Ils apprécient beaucoup d’entendre ensuite ces répliques dans la bouche des comédiens. Ça résonne plus fort ! », explique leur institutrice. « La pièce a aussi été l’occasion d’aborder des thèmes philosophiques tels le bonheur, l’importance du travail dans la vie, les relations familiales. De retour à l’école, ils écriront un petit texte, feront un dessin, en guise de bilan ».
Tout un travail en effet, mais ces enfants-là savent aussi prolonger le plaisir du spectacle vivant en exprimant spontanément les fortes émotions qu’ils ont vécues durant la représentation. Et je peux le confirmer, moi qui étais juste à côté d’eux. Si ça tanguait sur scène – espace du rêve et de la réalité – ça a également bien vibré, cette salle pleine d’enfants ! Comme quoi la jeunesse est réceptive à la puissance subversive du rêve, formidable tremplin pour repenser le monde.

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