Esquif (à fleur d’eau)

Anaïs Allais Benbouali s’empare d’un des combats le plus urgent de notre décennie, celui du navire humanitaire SOS Méditerranée qui sauve chaque année des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants du naufrage. S’inspirant de témoignages de rescapés du bateau ambulance l’Océan Viking, elle tisse un conte moderne sur ces exils contraints : « C’est par le récit de leurs histoires que nous pourrons peut-être sortir d’un profond sommeil collectif ».

 

Si par exemple, la mer se confiait ? Si la mer Méditerranée sortait du silence pour témoigner du sort des réfugiés qui tentent sa traversée. À qui s’adresserait-elle ? Probablement à la jeunesse porteuse d’espoir et de changement. À l’horizon se profile une fiction pour parler du monde comme il va, à hauteur d’enfants, avec humanité et une infinie délicatesse.

Cette note qui commence au fond de ma gorge

Aref n’aime plus Bahia, il vient de le lui dire. En rejetant Bahia, Aref rejette tout. Pour autant, il ne voudrait pas rentrer en Afghanistan. Ce qu’il veut, c’est faire de la musique avec ses amis, éparpillés aux quatre coins de l’Europe, depuis le retour au pouvoir des Talibans. Mais Bahia, forte de ses vingt ans et de son cœur résolu, refuse d’en rester là. Bahia dit non. Et quand Bahia dit non, c’est non. Eh non, nous n’avons pas fini de nous aimer…

 

Fabrice Melquiot s’inspire de la vie du musicien originaire d’Afghanistan Esmatullah Alizada, qui interprète ici le rôle d’Aref et signe la musique du spectacle où dialoguent dambura (le luth traditionnel), harmonium et tablas. Un face à face sous tension, écrit intégralement en alexandrins – le vers cardinal du XVIIe siècle et du rap d’aujourd’hui – et décasyllabes – le vers propre à la poésie épique et aux vers lyriques –, comme une joute oratoire et musicale, esquivant la parole d’exil pour habiter la langue d’accueil.

Puisque c’est comme ça je vais faire un opéra toute seule.

Depuis qu’Anja a grandi, les regards autour d’elle ont changé. Ceux des hommes, ceux des femmes et ceux de ses camarades. Anja déborde d’envies, de musique… et de colère : pour en terminer avec l’injustice, les interdits, les injonctions à devenir autre chose que ce qu’elle veut être : libre ! On lui dit que les grandes compositrices, ça n’existe pas ? Puisque c’est comme ça, elle s’enferme dans sa chambre pour faire son opéra toute seule, en promettant : « Moi, Anja Karinskaya, je serai la plus grande compositrice de tous les temps. »

 

L’auteure-compositrice-interprète Claire Diterzi n’avait encore jamais écrit pour l’enfance et la jeunesse… ni créé d’opéra pour une soliste ! Pour relever ces deux défis, elle nous plongera dans le cœur d’une jeune fille qui, nourrie par l’énergie de révolte et la passion de la musique, trouvera sa force d’autonomie. Une pièce musicale qui nous assurera que les colères d’enfants, loin de n’être que des caprices, sont d’immenses puissances de réinvention.

Depuis que je suis né

Il a vu sa grand-mère, une femme éminente, écrire ses mémoires. Pourquoi ne ferait-il pas la même chose, même s’il n’a que 6 ans et vient juste d’apprendre à lire et écrire ? C’est ainsi qu’un petit garçon se lance dans ce projet de grande ambition : se livrer au récit rétrospectif des événements marquants de sa propre existence. De sa naissance à ses premiers babillages, de l’épopée de la crèche à l’entrée en maternelle, des premiers apprentissages à la découverte de la notion nébuleuse de « travail », rien ne sera laissé de côté dans son autobiographie, racontée en mots et en chansons !

 

Avec ce projet, David Lescot écrira pour la première fois à destination des enfants de 6 ans. Il mettra en scène son jeune personnage dans la « chambre » de son imagination, au cœur d’un petit castelet contenant des installations d’objets sonores et de machines musicales savamment bricolées.

Un flocon dans ma gorge

Depuis toute petite, Marie-Pascale s’amuse à créer des sons avec sa voix ; des sons très graves, provenus du fin fond de sa gorge, qu’elle n’a ni appris ni entendus. Un jour, en écoutant un disque de chant Inuit, elle s’exclame : « C’est ma voix ! » Mais comment l’art du « katajjaq », ce jeu vocal pratiqué depuis des siècles par des femmes vivant dans l’Arctique, s’est-il inscrit spontanément dans sa voix à elle, petite fille habitant à des milliers de kilomètres ?

Constance Larrieu s’inspire de l’histoire de Marie-Pascale Dubé, chanteuse et comédienne franco-québécoise, pour inventer un road-trip vocal joyeux et onirique qui célèbre les pouvoirs de la voix, formidable moyen d’expression des sentiments, de compréhension de soi et d’ouverture à l’autre. Marie-Pascale Dubé incarnera son propre rôle au plateau, accompagnée de David Bichindaritz, musicien multi-instrumentiste composant une bande-son en live. Sa voix sera tout à la fois porteuse de personnages dont les identités se dévoileront peu à peu, de paysages émergeant de la puissance évocatrice des sons dont elle a le secret, et d’une histoire, qui nous racontera comment la voix peut aider chacun·e à grandir, à se construire, à trouver de la force en soi…

Le Joueur de flûte

Dans une ville peuplée d’habitants égoïstes et administrée par une mairesse malhonnête, les rats prolifèrent dangereusement. Seul un musicien, qui a le pouvoir d’attirer les animaux dans la montagne aux sonorités de sa musique, parvient à régler le problème. Mais n’obtenant pas la rémunération qui lui a été promise, il décide de se venger…

 

Joachim Latarjet adapte le conte traditionnel des frères Grimm, Le Joueur de flûte de Hamelin, et le transpose dans notre monde contemporain. Avec humour, gravité et poésie, il révèle les dégâts causés par la bêtise et l’ignorance humaines, et leur oppose un pouvoir tout aussi puissant, celui de la musique… Dans un dispositif scénique composé d’un plan horizontal (symbolisant tantôt la campagne tantôt la ville) et d’un plan vertical (un écran vidéo), il compose un spectacle en clair-obscur, où le comique des personnages et des situations côtoie le mystère et l’inquiétant. À la fantaisie des dialogues et des chansons interprétés par Alexandra Fleischer répondent les sonorités et les mélodies envoûtantes de la guitare et du trombone de Joachim Latarjet. La puissance originelle du conte resurgit au cœur de ce duo animé de forces contraires : elle est propice à éblouir, effrayer, amuser, mais aussi questionner les enfants… en les laissant libres de se forger leur propre interprétation.

hic et nunc

À quoi ressemblerait le voyage initiatique d’un Candide aujourd’hui ? Tel est le défi que se sont donnés les créateurs d’hic et nunc : raconter à des enfants, en mots et en musique, une histoire qui partagerait le même « ADN » que l’œuvre de Voltaire, mais en confrontant son jeune héros aux codes et tourments de notre monde contemporain. Pour regarder celui-ci, de bonnes en mauvaises rencontres, passer d’une enfance insouciante et crédule à la sagesse d’une maturité gagnée dans l’expérience de ses nombreuses aventures. Son amour pur pour Cunégonde est son guide, un moteur infatigable, une force vitale qui le pousse toujours plus en avant vers l’inconnu. Le monde est vaste, effrayant, absurde parfois, dangereux souvent. Notre Candide s’y plongera pourtant, sans hésiter, pour mieux l’embrasser, pour mieux le comprendre, poursuivant sa quête vers une plénitude terrestre, vers un accomplissement de soi, conscient, simple et vrai. Un bonheur à taille humaine, ici et maintenant, hic et nunc !

Entre chou et loup

Le duo Myssil invente un concert détonnant pour jeunes têtes chercheuses. Les deux musiciennes, l’une flûtiste et l’autre violoncelliste, tissent tout au long du spectacle, une relation forte et mouvante, oscillant entre amitié et jalousie, complicité joyeuse et fourberie mesquine, jeu et agacement. Leur tentative de rencontre se heurte à l’indiscipline de leurs émotions qui les poussent à s’échapper dans un univers décalé et onirique. Elles créent ainsi, dans un rapport proche du clownesque, un éventail de saynètes, écrites et composées par plusieurs artistes contemporains et classiques : François Sarhan, Michel Musseau, Béla Bartók, Daniil Harms, Robert Desnos… qui, par le biais du surréalisme, nous parlent des joies ou des peines de l’aventure humaine.

Camille, Max et le Big Bang Club

Il est onze heures, c’est l’heure de la leçon de musique de Camille. La jeune musicienne sort son instrument de l’étui et nous présente Max, le saxophone. Espiègle et cabotine, Camille va peu à peu donner vie à l’instrument, ou bien est-ce Max qui fait d’elle son instrument ? Cette leçon de musique devient le théâtre de leur vie, un spectacle où Max et Camille font des choses folles ensemble. De conversation virtuose en bavardage badin, ils remontent le temps, s’amusent avec les mots, les notes, inventent leur histoire, leur langage… et tout un monde bien à eux.

 

Camille
Et ça, tu sais ce que c’est ?
Le silence
Temps.
Tu vois, le silence, c’est avant la musique.
Temps.
Avant tout.
Temps.
Tu connais ? Et là, par le rideau de ma fenêtre, le monde.