Le théâtre jeune public est un art majeur

INTERVIEW DE SYLVAIN MAURICE
Directeur du Théâtre de Sartrouville–CDN et d’Odyssées en Yvelines

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La 9e édition d’Odyssées en Yvelines commence dans un mois. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi c’est un événement si important pour le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines ?
Odyssées en Yvelines fonctionne comme un festival : 6 équipes répètent pour jouer sur la même période 6 créations originales en direction de l’enfance et de la jeunesse. Ces créations sont jouées plus de deux cents fois en Yvelines avant de partir en tournée nationale. Par sa dimension, Odyssées est constitutive de l’identité du Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, à tel point que je n’aurai pas postulé à la direction de cet établissement s’il n’y avait pas eu Odyssées. Convaincu de l’intérêt de parler, jouer, inventer pour les enfants, je m’y consacre entièrement. Le théâtre pour l’enfance et la jeunesse est un espace d’invention et de créativité, à nul autre pareil. C’est un art majeur.

Le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines a-t-il une mission spécifique vers l’enfance et la jeunesse ?
Oui. Nous sommes la seule manifestation « enfance et jeunesse » qui présente uniquement des créations : ces spectacles sont tous crées et répétés sur notre territoire, dans les Yvelines. De plus, Odyssées – grâce au soutien sans faille du Conseil général des Yvelines – contribue à l’aménagement culturel du département, à travers un travail de fond mené en collaboration avec les très nombreux partenaires du territoire. Ce lien très fort entre un établissement culturel de premier plan et une collectivité territoriale donne sens, cohérence et visibilité à notre action.

Pourquoi Odyssées a-t-elle eu un rôle pionnier ?
A ses débuts, Odyssées a eu un rôle pionnier en proposant à des artistes qui ne faisaient pas de « jeune public » de créer pour la première fois pour les enfants. Aujourd’hui, je propose une nouvelle Odyssées qui implique davantage les artistes et les compagnies. Nous ne sommes plus producteur unique : nous inventons Odyssées ensemble avec les compagnies. Cette ouverture va permettre à la biennale de grandir, de se développer.

Odyssées ne programme que des créations ?
Tout à fait ! Cette édition produit six créations originales dans le cadre de résidences de création territoriale réparties en Yvelines, et les diffuse dans tout le département pour plus de deux cents représentations. Odyssées propose de vraies prises de risques auxquelles elle associe des partenaires pour les partager avec un large public.

Comment toucher ces publics ?
Par un travail de sensibilisation, des rencontres avec les artistes, des documents pédagogiques, des actions culturelles, des résidences de création (notamment dans les établissements scolaires). Nous allons au-devant des spectateurs avec des petites formes qui peuvent s’adapter facilement à tous types de lieux. Les formes itinérantes permettent de jouer en proximité. On propose aussi des grandes formes dans des théâtres traditionnels. Cette distinction « petite » et « grande » forme n’est en aucun cas un jugement de valeur. Nous avons un devoir d’exigence pour que la magie opère jusque dans une salle de classe.

Y a-t-il un fil rouge dans la programmation ?
Odyssées n’a pas d’axe thématique, mais propose à partir du théâtre, une diversité d’approches (théâtre de texte, théâtre de marionnettes, théâtre dansé, théâtre musical, théâtre et vidéo) et une pluralité des écritures (un classique avec Herman Melville et des auteurs contemporains tels Fabrice Melquiot, Mike Kenny, Anna Nozière, Eddy Pallaro, Ronan Chéneau). Nous avons plutôt privilégié la diversité des esthétiques : par exemple, il y a deux spectacles de marionnettes et, pourtant, rien de commun entre celles, « hyperréalistes », de Bérangère Vantusso et celles de Simon Delattre. La programmation concilie également l’épique (Moby Dick), l’intime (Joséphine, Les Enfants punis), le social (My Brazza, Le Rêve d’Anna et Bouh !). On trouve aussi bien le registre ludique (Entre chou et loup, concert détonnant), axé sur le plaisir de jouer avec les mots et les sons, que le registre grave (Bouh !) avec des questions existentielles ou sur le « vivre ensemble ».
Pas de fil rouge, donc, mais une palette de couleurs. Nous proposons une « mosaïque sensible ».

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